Rejoindre Montréal en stop le temps d'un week-end

samedi 22 et dimanche 23 novembre 2014

Arrivant au terme de ces deux semaines passées à la ferme, nous hésitons encore sur la suite de notre voyage... Tenter de trouver un autre lieu où faire du HelpExchange (j'envoie d'ailleurs des messages aux hôtes d'auberge ce qui nous ferait une nouvelle expérience mais sans succès), ou se rapatrier en ville pour la fin de l'année. 

Ayant pris goût à ce mode de voyage, nous avons du mal à envisager cette option. N'ayant pas accès au Wi-Fi illimité, nous n'avons même pas commencé nos recherches d'appartement et d'emploi pour moi.

Nos hôtes coupent court à nos hésitations, en nous assurant qu'il y a encore du boulot que ce soit à l'extérieur, (en effet le couple vient de recevoir les piquets de leur nouvelle serre qui n'attendent qu'à être plantés sur le terrain) ou à l'intérieur, avec la préparation des serres pour le printemps. Nous resterons donc une semaine de plus, le temps de réfléchir un peu à la suite de nos aventures.
Notre lieu de "travail" sous la neige

Cette semaine nous met d'ailleurs en condition pour l'hiver puisque les températures chutent davantage et il neige dès le 16 novembre, l'occasion pour Rémi et Guéno de faire un "magnifique" bonhomme de neige.
Le système de chauffage tombe même en panne durant la nuit du 18 novembre. Raphaëlle et Rémi déclarent la journée du lendemain off car il ne fait que 12°C dans la maison, et -8°C dehors. Nous partons donc tous les 4 avec les 2 enfants pour la ville de Sherbrooke, rendre visite à la sœur de Rémi. 
Travaillant à la douane routière à la limite des États-Unis, elle nous raconte des anecdotes sur les français qui se présentent au poste pour rejoindre le Canada : réputés pour être ceux qui sont le moins clairs sur la "raison" de leur venue dans le pays.

Cette nouvelle semaine passe bien vite et le vendredi soir, nous ne sommes pas plus avancés que la semaine passée. De plus, Raphaëlle et Rémi se rendent à un événement agricole tout le week-end et nous ne pourrons rester sur la ferme pour organiser notre future arrivée en ville comme nous le pensions. 

Nous décidons d'aller à Montréal au moins pour 2 jours. Nos hôtes nous conseillent même de faire du stop pour nous y rendre (enfin du "pouce" en québécois) sachant qu'il n'y a aucun transport en commun dans leur village. 

Pékin Montréal Express

Le lendemain, le couple nous dépose à 8h00 à la première entrée d'autoroute en sortant de Durham Sud. Il fait -4°C en ce samedi matin et on se demande un peu ce qu'on fait là avec notre pancarte. 
Finalement après seulement 20 minutes d'attente et 4 voitures, un couple s'arrête. Ils ne vont pas à Montréal mais peuvent nous emmener à Sherbrooke, et nous déposer sur l'autoroute qui y va. Nous ne faisons pas les difficiles et acceptons de suite. 

La femme du conducteur nous apprend qu'elle est française et vit au Québec depuis une vingtaine d'années. Nous leur racontons nos expériences de helpeurs et cela leur donne apparemment une idée : étant ébénistes et producteurs de viande de porc, ils nous proposent de nous emmener avec eux dans la ville de Québec durant 5 jours, afin de les aider à livrer des tables et emballer de la viande. Cette proposition nous fait beaucoup envie mais nous hésitons... nos hôtes comptent sur notre présence lundi, surtout si les autres pièces de la nouvelle serre sont livrées. Dommage, nous laissons passer cette occasion. La femme nous donne quand même les coordonnées d'un de ses amis vivant à Montréal au cas où nous aurions besoin d'un hébergement, très sympa de sa part.

Nous les quittons à Sherbrooke après avoir parcouru 55 km depuis notre lieu de départ. Nous reprenons le stop durant à peine 10 minutes lorsque la première voiture s'arrête. Un père et sa fille se rendent à Longueuil, tout près de Montréal, nous embarquons ! Durant les 150 km de trajet, nous repassons non loin de Magog et Brome et découvrons que le paysage a bien changé sous la neige. Nous quittons nos chauffeurs vers 12h00 et trouvons un bus qui se rend dans le centre-ville : à nous Montréal !
Retour sur nos pas du mois de septembre lors de notre arrivée

Visite de la ville souterraine

Nous nous promenons donc dans le centre-ville mais froid oblige, il est temps d'aller faire un tour dans la "ville souterraine". En fait il s'agit plutôt d'un vaste réseau piétonnier de tunnels et galeries intérieures. Créé en 1962, il couvre 33 km au total (le plus grand complexe souterrain du monde) et permet de relier des bureaux, des résidences, 7 stations de métros, 2 stations de trains, des universités, plus de 1200 commerces et environ 40 salles de spectacles, théâtres ou cinéma... Près de 500 000 montréalais empruntent ces couloirs chaque jour. 

Nous décidons d'aller faire un tour au Centre de Commerce Mondial, qui représente selon moi, un bon exemple de "ville intérieure". Ce lieu a été construit en 1992 sur la ruelle des fortifications du Vieux Montréal. Les anciens bâtiments ont été rénovés et reliés par une grande verrière, ce qui permet de laisser passer la lumière du jour tout en se préservant du froid. Le sol est pavé et il y a même une fontaine.
Exposition de différents Pères Noël,
et d'un fragment du mur de Berlin, offert à Montréal en 1992 pour son 350ème anniversaire 

Balade au parc Jean Drapeau

Nous décidons ensuite de braver le froid et d'aller visiter le parc Jean Drapeau. Situé de l'autre côté du vieux port, au milieu du fleuve Saint Laurent nous devons emprunter le pont de la Concorde afin de nous rendre sur les 2 îles qui composent le parc. Marcher ces 6 km nous permettra au moins de nous réchauffer.
Vues sur le centre-ville, la tour de l'horloge, le pont Jacques Cartier,
"Habitat 67" un ensemble de logements créés en 1967
Site de l'exposition universelle de 1967, l'île Sainte Hélène a été agrandie et consolidée pour l'occasion alors que l'île Notre Dame a été entièrement construite par l'Homme afin d'accueillir les nombreuses installations imaginées par les 60 pays participants. Au total, plus de 25 millions de tonnes de remblai ont été nécessaires à ces aménagements. Il provenait principalement des travaux de construction du métro de Montréal. 50 millions de visiteurs se sont rendus sur les lieux cette année-là, durant une période de 6 mois.

Au bout d'un peu plus d'une heure de marche, nous atteignons la première île : Sainte Hélène. Elle se compose d'un complexe aquatique avec des piscines extérieures, d'un parc d'attractions nommé La Ronde, et de deux musées La Biosphère et le Musée Stewart. C'est ici qu'ont lieu de nombreux spectacles extérieurs et de festivals aux beaux jours. Mais ce jour-là, il ne se passe pas grand chose sur l'île enneigée et nous croisons très peu de promeneurs.
Œuvre d'art nommée Phare du Cosmos, musée Biosphère, parc d'attractions La Ronde
La majorité des pavillons de l'Expo 67 ont été détruits en 1975, afin de permettre la construction du bassin olympique pour les Jeux Olympiques de 1976. Les anciens pavillons de la France et du Québec ont été rénovés, et accueillent aujourd'hui le Casino de Montréal. Celui des États-Unis, qui représentait une gigantesque sphère, renferme le musée de l'environnement. Même si le revêtement de la structure a disparu lors d'un incendie en 1976, la structure en acier est restée intact.

Le froid cela creuse, nous partons donc à la recherche d'un endroit pour manger. C'est ainsi que nous nous dirigeons au Casino sur l'île Notre-Dame, le seul endroit qui nous parait animé en ce samedi !

Avant d'y arriver, nous traversons plusieurs espaces nommés Les Floralies. En 1980, l'île a accueilli une compétition internationale d'horticulture, depuis ces jardins subsistent sur plus de 25 hectares. L'île Notre-Dame accueille également chaque année, depuis 1978, le Grand Prix de Montréal sur le circuit Gilles-Villeneuve.

Au 9ème et dernier étage du Casino, nous faisons une pause hamburger à 15h, avant de reprendre le chemin du retour. Nous en profitons pour réserver une chambre Airbnb chez un étudiant montréalais pour 18h30.
L'entrée du Casino,
une sculpture d'arbre nommée L'Arc en l'honneur du Président chilien, Salvador Allende
De la grêle se met malheureusement à tomber lorsque nous quittons l'île, mais heureusement une automobiliste québécoise s'arrête et nous propose de nous ramener dans le centre. Cette proposition est évidemment la bienvenue ! Nous nous retrouvons donc très rapidement dans le centre-ville et nous rendons  en métro dans le quartier de Notre-Dame-de-Grâce, situé dans l'arrondissement Côte-des-Neiges, afin de faire connaissance avec notre hôte de la soirée.

Nous faisons une dernière balade autour du campus Loyola (site de l'université Concordia qui regroupe près de 40000 étudiants), avant de remanger des hamburgers (encore !) puis nous rentrons définitivement nous mettre au chaud.
Sculpture "Transcendence" réalisée en 1967 pour l'Exposition Universelle,
bâtiments du Campus, Chapelle Loyola

Un dimanche à l'Oratoire Saint Joseph

Le lendemain, nous prenons rendez-vous avec Sarah, mon amie francilienne qui vit à Montréal depuis le mois de juin déjà, pour visiter la plus grande église du Canada : l'Oratoire Saint Joseph. Située sur le versant ouest du Mont-Royal, nous ne sommes qu'à une station de métro de ce lieu. Nous décidons de marcher à travers le quartier résidentiel pour nous y rendre, mais nous mettrons quand même 1h ! Rien à voir avec les distances entre les stations de métro parisien...
Le quartier NDG (Notre-Dame-de-Grâce)
Une fois arrivés, nous ne pouvons que constater la présence d'un épais brouillard et nous distinguons à peine l'édifice. Dommage, nous ne pourrons pas apercevoir le dôme d'une hauteur de 60 mètres, qui culmine à 300 mètres. Le 3ème plus grand au monde, après celui de la basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro en Côte d'Ivoire et celui de la basilique Saint-Pierre à Rome.
Pour la vue sur la ville, nous repasserons...
Nous gravissons quand même les 283 marches pour atteindre l'Oratoire, qui fut construit en 1904 à l'initiative de frère André, mais dont les derniers travaux se terminèrent en 1967. 99 marches en bois sont réservées à la prière et servent aux pèlerins qui désirent monter à genoux.

Nous pénétrons ensuite dans la chapelle votive, où de nombreux malades ont laissés leurs béquilles, cannes et corsets à la suite de leur supposée guérison à l'époque où frère André était encore en vie.
L'orgue de la gigantesque basilique, cette dernière pouvant accueillir plus de 2000 personnes,
la chapelle votive compte au total 10000 lampions et lampes votives. 

Glissades au parc Mont Royal

Notre visite terminée, nous décidons de traverser le parc du Mont-Royal afin d'atteindre le belvédère Kondiaronk, là où nous avions retrouvé Sarah pour la première fois à Montréal.

Mais là encore nous n'avons pas de chance, verglas et brouillard sont toujours au rendez-vous !

Après une descente périlleuse entre les pentes gelées et les escaliers verglacés, nous arrivons quand même à retrouver le centre-ville.

Soirée covoiturage et Tim Hortons

Après une pause chez Sarah et ses colocs, nous rejoignons le métro afin d'attendre notre chauffeur. N'étant pas sûrs de trouver quelqu'un se dirigeant proche de notre ferme en faisant du stop un dimanche soir, nous avons opté pour un covoiturage jusqu'à la ville la plus proche : Drummondville.

Nous tombons sur 2 sœurs très gentilles qui nous posent plein de questions sur la France et nous ne voyons pas le trajet passer. Une fois arrivés en ville à 19h30, il ne nous reste que 35 km qui nous sépare de la ferme. Nous sommes donc persuadés que nous trouvons un automobiliste qui effectuera ce trajet, et nous reprenons le stop.

Mais au bout de 3h, après avoir testé plusieurs endroits, il faut nous rendre à l'évidence : peu de voitures passent et aucune ne s'arrête. Trop tard pour appeler nos hôtes, nous décidons donc d'aller dans le centre-ville, ce qui nous rappelle notre week-end marche à pied d'il y a quelques jours. Direction, le seul endroit ouvert 24h/24 à notre connaissance : Tim Hortons !

Le flânage étant interdit au Québec, (autrement dit le fait de "flâner, de vagabonder, ou de dormir dans une rue ou dans un endroit public, sans motif raisonnable" selon l'article de loi) nous commandons des beignes et des cafés toute la nuit en somnolant discrètement sur notre table jusqu'à 6h du matin. Heureusement le personnel ne viendra pas nous déloger et un itinérant (sans domicile fixe) qui a lui aussi passé la nuit à l'intérieur, nous demandera même pourquoi nous sommes à la rue comme lui.

Dure reprise

A 7h30, nous reprenons notre route sous la pluie afin de retourner faire du stop dans la direction de la ferme. Après quelques minutes à peine, un livreur de peinture nous embarque dans sa camionnette et nous dépose dans un village voisin. Au bout de 15 minutes, un agriculteur nous annonce que notre ferme est sur son trajet, ouf nous voyons la fin de notre périple !

Épuisés et trempés, nous rejoignons la ferme à 9h30, juste à temps pour commencer notre journée ! Heureusement Raphaëlle et Rémi nous disent de nous reposer après avoir entendu notre récit. Nous dormirons une bonne partie de la matinée...



 
Ces derniers jours mis en image par Guéno :





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