Retour aux sources à Saint Anicet

mercredi 26 novembre 2014

Après ce week-end à Montréal, nous ne sommes toujours pas pressés de retrouver un semblant de routine citadine. Cette fois Guéno tranche, pourquoi ne pas retourner une semaine à Saint Anicet chez nos hôtes coup de cœur, afin de clôturer la saison du HelpX 2014 ? 

L'idée me plait bien, et la proximité avec la ville ne pourra qu'être bénéfique dans l'organisation de notre venue. Nous envoyons donc un mail à France et Robert afin de savoir s'il leur reste un peu de travail sur la ferme malgré les températures qui ne cessent de descendre.

Bonne nouvelle, les derniers helpeurs sont partis, ils seraient ravis de nous accueillir à nouveau et s'arrangent même pour venir nous chercher près de Montréal quelques jours après notre échange. Nous remercions nos hôtes actuels pour ces 3 semaines passées à leurs côtés et réservons un covoiturage pour le 26 novembre.

Quel plaisir de retrouver la ferme et ses animaux ! 

Quelques changements sont tout de même à noter, les arbres ont perdu leurs belles feuilles colorées, l'herbe est gelée, les ânes ont revêtu leurs poils d'hiver et les cochons ont beaucoup grossi ! 

Nous déplorons l'absence des vaches mais nos hôtes nous apprennent qu'elles sont toutes allées à l'abattoir :-( une partie de la viande a été vendue mais l'autre est dans le congélateur... Bien que je sache d'où viennent les steaks que nous mangeons, je ne regarderai plus le contenu de mon assiette de la même façon. 

Nouvelle chambre 

Cette fois nous serons logés au sous-sol de la maison de nos hôtes, dans une chambre très confortable avec salle de bain privée. L'ancienne laiterie située sur la ferme nécessitant trop de chauffage à cette période de l'année.
Nous constatons que la bergerie a bien changé depuis notre départ. En effet France nous explique qu'elle a accueilli deux helpeurs français récemment  qui se sont attelés à cette tâche ... qui ne sont autres que Jonathan (rencontré lors de notre passage à Saint Gabriel de Brandon) et l'un de ses amis.
Nous retrouvons vite nos marques, et nos missions s'adaptent selon le climat. En cette période les températures varient entre - 10 et 5 °C, même si nous sommes pourtant dans la région la plus "chaude" du Québec.

Nouvelles missions

L'essentiel est donc de préparer au mieux l'hiver qui arrive. Première étape, protéger les animaux contre le froid : nous déplaçons le poulailler dans la nouvelle bergerie et y installons des lampes chauffantes, qui font surtout le bonheur des chats !
Nous découvrons également les abreuvoirs chauffants : des gamelles  qui se branchent et évitent que l'eau ne gèle pour permettre aux animaux de boire jour et nuit. Il faut également recouvrir les robinets et tuyaux d'eau d'isolant afin d'éviter que les canalisations n'explosent à cause du gel.

Nous finissons d'isoler les murs de la bergerie, et nous nous attaquons à la partie réservée aux ânes. Au programme, calfeutrage des bas de portes et des bords de fenêtres avec du plastique et installation d'une grande bâche séparant la bergerie de leur pâture afin d'éviter le vent glacial.

C'est à ce moment-là que nous nous rendons compte de tout ce à quoi il faut penser en prévision de l'hiver canadien !
Tout comme les vaches fugueuses il y a quelques temps, les ânes s'amusent également à s'échapper de leur pâture... nous n'avons jamais découvert comment, peut-être en poussant une barrière ? France fut obligée de prévenir la police au cas où des voisins s'inquièteraient de voir 3 ânes errer sur les routes, avant de se rendre compte en fin de journée, qu'ils étaient revenus tout seuls comme si de rien n'était. 

Il faut aussi faire des provisions de bois afin d'alimenter le poêle de la maison, avant que celui-ci ne soit gelé et recouvert d'une épaisse couche de neige.

C'est aussi le moment ou jamais de réparer les tuiles de l'ancienne maison de nos hôtes située sur le terrain de la ferme, actuellement louée à l'année.
Nous ressentons de plus en plus les désagréments du froid lorsque nous restons plusieurs heures dehors. Nous mettons plusieurs couches de vêtements et nous nous couvrons bien les extrémités (gants, après skis, bonnets et écharpes) mais cela n'empêche pas nos poils de narines de geler, ni la peau de nos joues de se craqueler.

Nos journées sont plus courtes, le soleil se couchant vers 16h, pas question de traîner à l'extérieur une fois que la température chute.

Heureusement France nous propose toujours de diversifier nos missions, afin de ne pas nous rendre la tâche trop difficile.

Nous continuons de livrer la farine commandée par des clients, ce qui nous fait parfois faire 100 km aller - retour, et surtout voir du pays.
Beauharnois, sur les rives du Lac Saint Louis
Bien qu'une grande partie de l'ail récolté cet été a été vendue, il reste tout de même quelques gousses à préparer. Notamment en vue d'un marché de Noël, qui aura lieu dans un village voisin à Dundee le 4 et 5 décembre : le dernier stand de la saison !   
Nous passons également beaucoup de temps dans la "minoterie" pour la fabrication des farines bio de seigle, sarrasin et épeautre. 

Les céréales récoltées ont été stockées dans de gros silos, puis doivent passer dans diverses machines avant de se transformer en farines. Elles doivent d'abord être nettoyées en passant dans un "séparateur", ce qui permet l'élimination des impuretés et des poussières. Le grain est ensuite séparé de son enveloppe, puis broyé. 

Nous nous occupons de mettre les machines en marche, de remplir les contenants et de veiller au bon fonctionnement de toutes les étapes.

La journée de tous les dangers

C'est d'ailleurs en ces murs, qu'a eu lieu une journée particulièrement inquiétante le jeudi 4 décembre. 

Ce matin-là, nous devions ouvrir un compartiment du silo afin de libérer le grain pour le faire passer dans le séparateur, mais France se rend compte que rien ne tombe. Chaque silo étant séparé en plusieurs sections, il faut veiller à ne pas se tromper entre le compartiment qui renferme le grain brut et celui qui est destiné à recevoir le grain qui n'a plus d'enveloppe.

Un tuyau doit donc être mal placé en haut. France nous demande si l'un de nous se sent capable de monter là haut pour voir ce qu'il se passe. Ayant le vertige, c'est Guéno qui accepte la mission, avant même d'attendre que nous cherchions des sangles afin de sécuriser cette délicate opération. 

Il réussit donc à grimper sur une échelle en bois mais arrivé en haut, plus de barreaux, il faut se hisser entre le mur et le silo. Habitué à prendre de la hauteur, il nous avouera quand même que cela fait une drôle d'impression de se retrouver si haut en voyant toutes les machines en bas.
L'après-midi, c'est à mon tour de me faire des frayeurs. Je m'occupe de verser les sacs remplis des grains sans enveloppe dans un seau où il y a une sorte de tuyau aspirant, avec une vrille qui renvoie ce grain dans l'un des compartiments du silo. Rien de compliqué, tout est géré par des boutons dont j'ai déjà fait l'usage plusieurs fois. 

N'y voyant pas grand chose, j'avais eu la "bonne idée" d'allumer la lampe de mon téléphone portable et de le poser sur la machine à côté. Alors que j'avais presque fini cette tâche, France passe pour voir si tout va bien et remarque mon tél posé là depuis plusieurs heures et plaisante en me disant qu'il ne manquerait plus que je le fasse tomber dans le grain "bio". Je décide donc de l'enlever de mes mains gelées munies de gants trop grands et ça n'a pas loupé... Il m'a totalement échappé et s'est retrouvé dans le bac de grains.

En pensant contaminer le grain et retrouver mon portable broyé perdu dans le grand silo, j'ai eu le réflexe idiot de plonger ma main dedans en ayant au préalable enlever mes gants ! J'étais contente d'avoir rattrapé mon tél juste avant qu'il ne monte dans le tuyau mais j'ai senti que ma main était comme aspirée dedans.

France a débranché l'appareil de suite heureusement. Je n'ai rien senti sur le coup, froid oblige mais en retirant le tout, j'avais un des doigts un peu amoché. Plus de peur que de mal, après avoir un peu tourné de l'œil et mis un pansement, j'ai pu reprendre mes activités normalement, en gardant à l'esprit qu'un accident "agricole" est vite arrivé.

Un petit peu de réconfort

En tout cas lorsque nous avons besoin de nous réchauffer, France nous trouve toujours de nouvelles missions, comme peindre des panneaux destinés aux plafonds du sous-sol de leur habitation, ou préparer de délicieux desserts.

Après une bonne journée de travail, rien de tel qu'aller à la patinoire du coin pour se défouler. Le gendre de France étant entraineur de hockey pour les petits, nous avons pu assister à l'entrainement d'un de ses petits-fils. Les jeunes joueurs québécois étaient si à l'aise sur la glace, que nous avions honte de patiner après !! 


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